Mes racines

Mes ascendants ne cultivaient pas que la terre et ses racines… Ils soignaient aussi la langue et les mots. La Fontaine ou d’autres fabulistes venaient chez nous à la première heure le dimanche matin. Tantôt un singe cassait des noix grâce à la voix et à l’habileté des gestes de mon père, tantôt le bras de mon père devenait cigogne et essayait en vain, avec son grand bec de manger dans une assiette. Le jeudi, j’étais souvent invitée à déjeuner chez mon grand-père. Après le jeu des 1000 francs de Lucien Jeunesse, Pépé Jacques avait toujours une histoire à raconter. J’écoutais ses récits avec délectation, bercée par le roulement de ses yeux et sa belle langue occitane. J’espionnais avec lui des renards au clair de lune ou bien je contemplais les exploits de Papillon, son dernier cheval de trait. Mon imagination, mon esprit se sont nourris de toutes ces narrations.

Après le bac, un peu à cause de Baudelaire et beaucoup grâce à madame Marc, ma prof de français-latin, je me suis “amourachée” définitivement des mots et de leur puissance évocatrice. Depuis l’enfance, ils ont tracé en moi des sentiers secrets que je parcours pour me trouver, me libérer. Aujourd’hui, me voilà biographe… fière d’avoir été certifiée.